Alors que se déroule la Coupe du Monde de football en Russie, il nous est apparu opportun de mettre en avant cette étude parue dans Scientific Report en novembre 2017. Que vous soyez un(e) passionné(e) du ballon rond ou, au contraire, totalement réfractaire à ce sport, découvrez ce qui se passe dans le cerveau d’un supporter de foot qui a le sentiment d’appartenir à un groupe, à une famille. Qu’en est-il notamment de son comportement altruiste ?

Appartenir à un groupe est considéré comme un besoin humain fondamental. La recherche a d’ailleurs démontré la tendance humaine à favoriser les membres de son endogroupe, c’est-à-dire le groupe auquel on appartient. A cet effet, les supporters de foot représentent des sujets d’étude extraordinaires. Leurs comportements démontrent leur fort attachement au groupe, leur solidarité réelle et constante. Reste que les fondements neuronaux sous-jacents à cet attachement et à cet altruisme endogroupe n’ont été que très peu étudiés. C’est justement le but de la recherche entreprise par des neuroscientifiques français, anglais, allemands et brésiliens.

Concrètement, l’équipe de l’Institut d’Or pour la recherche et l’éducation à Rio de Janeiro a recruté 27 supporters des principaux clubs de foot de la ville (tous des hommes, moyenne d’âge = 28 ans) : Botafogo, Vasco de Gama, Fluminense et Flamengo. Les chercheurs les ont soumis à un test de motivation à gagner de l’argent pendant que leur activité cérébrale était observée par résonance fonctionnelle (IRMf). Une fois installé, chaque participant devait saisir un dynamomètre à poignée électronique. Plus la force enregistrée par ce capteur était importante, plus la somme d’argent était élevée. Trois cas étaient proposés au fan de foot : dans le premier, l’argent lui revenait directement, dans le deuxième la somme était distribuée à d’autres fans de son club, et dans le troisième, elle allait à des personnes anonymes qui ne sont supporters d’aucun club. Ces conditions « auto », « fans » et « non fans » ont permis aux chercheurs d’évaluer à travers une tâche physique, les motivations associées aux gains personnels, à l’altruisme endogroupe et à l’altruisme hors groupe.

Les résultats de l’expérience indiquent que lorsqu’il s’agissait de faire gagner de l’argent à des fans amis, les participants parvenaient à activer plus intensément la poignée que lorsque la somme était destinée à un groupe anonyme. Ils étaient cependant plus efficaces encore, quand l’argent leur était promis. On a beau être altruiste, on a quand même tendance à fournir un effort plus important encore si c’est pour soi-même ! Ces résultats ne sont pas vraiment surprenants. Mais tout l’intérêt de cette recherche réside dans les observations faites sur le plan neuronal. En effet, si dans les trois conditions de l’expérience l’activation du cortex orbitofrontal médian est effective, il a été observé des connexions plus fortes entre celui-ci et le cortex cingulaire antérieur lorsque l’effort était réalisé pour faire gagner de l’argent à un fan de la même équipe. Il faut savoir que cette dernière zone du cerveau est impliquée dans les décisions altruistes et l’affiliation de groupe, notamment la famille. Chez le supporter de foot, cette connectivité fonctionnelle accrue observée entre ces deux zones du cerveau illustre ainsi les liens qui unissent les fans d’une même équipe.

A la fin de leur étude, les neuroscientifiques indiquent que compte tenu des différences comportementales dans un (endo)groupe entre les hommes et les femmes, il serait intéressant de comparer les résultats de celles-ci à cette même expérience de motivation à gagner de l’argent pour ses « semblables ». Avis aux supportrices de foot !