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Faut-il noyer les animaux de compagnie ?

Le Billet du Neurologue - Dr Bernard CROISILE

Nous sommes tous convaincus de l’intérêt d’un animal de compagnie. Habituellement un chat ou chien, parfois un canari, un hamster ou des poissons rouges, plus rarement un python ou des mygales, à tout âge nous les adorons pour leur affection, leur fidélité, leur présence bienveillante.

Les bienfaits d’un animal de compagnie sont soulignés depuis longtemps chez les seniors. Intuitivement il n’est pas besoin de preuves scientifiques pour s’en convaincre. Quoique…



Chez les seniors, l’animal de compagnie est une raison d’être

A côté du plaisir de leur compagnie, de nombreuses personnes âgées bénéficient de la présence d’un animal familier, aussi bien pour leur santé physique que mentale, sans oublier qu’en l’absence de vie sociale, leur compagnie les réconforte et leur permet de rompre leur solitude, tout en étant un sujet de conversation plus agréable avec leurs voisins que leur propre santé ou l’actualité politique. En s’occupant d’eux, les seniors se sentent investis d’une responsabilité qu’ils n’ont plus à assurer pour leur famille. En les sortant, ils restent physiquement actifs. En gérant leur santé et leur alimentation, ils conservent le sens des responsabilités, ils restent vigilants et organisés. Enfin, l’exigence du rythme de vie régulier d’un animal de compagnie (chien ou chat) aide les seniors à se repérer dans le temps.



Avoir un animal de compagnie ne serait pas un facteur protecteur

La moitié des seniors britanniques ayant un animal de compagnie, des chercheurs ont analysé si leur présence pouvait être un facteur de protection contre le vieillissement (Batty et al, 2017). Onze marqueurs du vieillissement physique, psychologique et immunologique, ont été analysés chez 8 785 seniors (55% de femmes) âgés en moyenne de 67 ans. Parmi eux, 33% possédaient un animal de compagnie (18% un chien, 12% un chat, 3% un autre animal). Ces onze marqueurs ont été comparés chez les deux groupes (avec et sans animal).

Que les personnes âgées aient ou pas un chien ou un chat, les résultats montrent une absence de différence (et donc d’effet potentiellement protecteur) sur la rapidité de marche, le temps pour se lever de son siège, la force de préhension, la capacité à lever les jambes, le maintien de l’équilibre et la fonction ventilatoire pulmonaire. Il en est de même pour trois marqueurs d’inflammation systémique, ainsi que les symptômes dépressifs et les capacités de mémoire (rappel immédiat et différé d’une liste de 10 mots).



Quels messages retenir ?

La conclusion simplette de cette recherche est que les animaux domestiques n’aident pas à conserver la santé des seniors. Sauf que des facteurs confondants ont pu être négligés dans cette étude observationnelle. Sauf que d’autres paramètres auraient pu être analysés. Sauf qu’il est abusif de réduire les bienfaits de ces animaux onze paramètres.

En fait, ce qui m’intéresse dans cette étude, c’est la conclusion abusive qui pourrait en être tirée : dans un monde médical où tout doit être prouvé, une telle étude (s’il s’agissait d’un médicament et pas d’un animal de compagnie) aboutirait à la conclusion que le médicament est inutile (même si les études testant l’efficacité des médicaments sont bien sûr un peu plus complexes que cette étude-ci). Or, finalement, on s’en fiche parfois des études scientifiques, les chercheurs eux-mêmes le savent bien : l’absence de preuves n’est pas la preuve de l’absence. Ce qui compte pour ceux qui possèdent des animaux familiers, c’est le sentiment subjectif du plaisir à s’en occuper. Ne les noyez pas !





Pour en savoir plus :

Bernard Croisile. Alzheimer : que savoir, que craindre, qu’espérer ? Éditions Odile Jacob (2014).

G David Batty, Paola Zaninotto, Richard G Watt, Steven Bell. Associations of pet ownership with biomarkers of ageing: population-based cohort study. BMJ 2017; 359: j5558.

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