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Lapsus...

Lapsus, une porte sur l’inconscient cognitif ou le début d’une maladie d’Alzheimer ?

Comme n’importe lesquels d’entre nous, les hommes politiques sont coutumiers des lapsus, sauf qu’avec eux c’est bien plus drôle… ou plus dévastateur !

Gaffes et bourdes
Le 10 mai 2017, alors qu’il prononçait son dernier discours officiel lors de la commémoration de l’abolition de l'esclavage, le président François Hollande a fait un lapsus en évoquant un « crime de lèse-majesté » au lieu d'un crime de « lèse-humanité » dans la phrase « chaque fois que l’on remettait en cause le crime de lèse-majesté… de lèse-humanité… » D’autres boulettes ont été observées chez le président Hollande. Il a évoqué une fois la république de « Macédonie ». En juin 2013, à Tokyo, alors qu’il remémorait l’attaque d'un site gazier en Algérie quelques mois auparavant, attaque au cours de laquelle dix Japonais avaient été assassinés, il rappelait avoir exprimé les condoléances du peuple français au peuple « chinois ». En février 2016, il déclare lors d’un discours au Pérou, qu’« il y aura plus d’étudiants boliviens en France ». Dans les deux cas, l’interprète chargée de la traduction simultanée a rectifié l’erreur. Enfin, lors de la COP 21, en décembre 2015, François Hollande a félicité le président du Burkina Fasso de son élection démocratique sans remarquer qu’il était sorti et qu’il s’adressait en fait à son ministre des Affaires étrangères. En 2017, Gérard Collomb, sénateur-maire de Lyon, opposait dans la même phrase le patriotisme d’Emmanuel Le Pen et de Madame Macron. De son côté, Theresa May, premier ministre du Royaume-Uni, a promis que son pays allait « guider le Monde pour arrêter le tourisme », au lieu de terrorisme bien sûr ! On se souvient de Lionel Jospin qui, en 2002, avait appelé une hypothèse de ses « vieux », ce qui n’avait pas manqué de faire jaser puisque ses propos suivaient de quelques jours sa fameuse phrase dans laquelle il parlait de Jacques Chirac comme d’un président « vieux, usé, fatigué », lequel riposta plus tard en qualifiant ces propos « sur le physique, le mental, la santé » de « délit de sale gueule ». Bref, on s’amuse bien en politique !

De banals lapsus
À chaque fois, ces erreurs s’expliquent par un contexte d’émotion ou de fatigue. Ce qui est interprété comme une gaffe ou une bourde, relève pour le neurologue d’un banal lapsus, c’est-à-dire d’une erreur au cours de laquelle une personne exprime autre chose que ce qui était prévu. Le plus souvent, il ne faut y voir aucune intention maligne. Les lapsus sont une simple substitution d’un mot par un autre mot proche au plan utilitaire (lavabo/évier), visuel (crayon/coton-tige) ou morphologique (raison/raisin). Un lapsus rentre dans le cadre de l’inconscient cognitif, il nous renseigne sur notre fonctionnement cognitif, pas au sens psychanalytique du terme, mais bien au sens sémantique ou lexical. En effet, lorsque nous construisons une phrase nous assemblons des mots, et pour ce faire nous activons un réseau sémantique, c’est-à-dire un lexique de mots au sens comparable, ainsi qu’un lexique des formes similaires (constructions morphologiques ou phonétiques). Un relâchement attentionnel dû à la fatigue ou à l’émotion, fait déraper notre esprit qui active un de ces mots proches du mot souhaité. C’est une sorte d’erreur de tir, dans une zone de « synonymes », notre esprit pêche un mot proche.

Ne dites pas n’importe quoi, n’importe quand, devant n’importe qui !
L’âge auquel survient un lapsus joue un rôle déterminant dans son interprétation. Un neurologue américain racontait qu’une jeune femme de 35 ans avait fait beaucoup rire ses amies en racontant s’être pulvérisé un antiseptique sur les cheveux au lieu de laque ; une méprise comparable survenue chez une femme de 75 ans aboutissait à son placement implacable dans une résidence pour seniors. Personne n’oserait suspecter François Hollande (62 ans) ou Theresa May (60 ans) de débuter une maladie d’Alzheimer alors que les mêmes erreurs survenues chez le président Ronald Reagan plus âgé ont rétrospectivement fait craindre que la maladie dont il est décédé en 2004 aurait eu ses prémices lors de ses mandats (1980-1988).

À quel âge Ronald Reagan a-t-il débuté sa maladie d’Alzheimer ?
En son temps, les journalistes se gaussèrent des nombreux lapsus du président américain. En tant qu’acteur, sa mémoire était remarquable. En tant que Président de 69 à 77 ans, sa mémoire des noms propres était notoirement imparfaite (comme le monde à partir de 40 ans), car il oubliait le nom de ses collaborateurs ou de ses (nombreux) visiteurs. Il ne se rappelait pas le nom de canyons californiens qui lui étaient familiers. Au Brésil, il a porté un toast au peuple de Bolivie. A la Maison Blanche, il a porté un toast à la Princesse « David » au lieu de « Diana ».
En 1984, lors du premier débat l’opposant à Walter Mondale pendant la campagne pour son second mandat, Reagan inquiéta l’opinion américaine par son comportement confus et distrait. Il se reprit dans le second débat et, à la suite d’une question d’un journaliste sur son âge, Reagan déclara « Je ne ferais pas de l’âge une question dans cette campagne. Je n’exploiterais pas, pour des raisons politiques… la jeunesse et l’inexpérience de mon opposant ! » Tout le monde a ri, même Mondale. La phrase était évidemment préparée, mais Reagan l’avait retenue. Lors du scandale de l’Irangate, Reagan a déclaré en 1986 (il a 75 ans) ne pas se rappeler avoir donné son accord aux ventes secrètes d’armes à l’Iran. La télévision l’a montré demandant avec humour aux membres de son équipe « Qui se souvient de ce qu’il faisait le 8 août 1985 ? » Lorsqu’il a comparu devant la Commission Tower, ses réponses n’étaient pas toujours cohérentes mais les questions portaient sur des détails de conversations datant de plusieurs mois. On cite de lui « La seule réponse honnête est de dire qu’autant que j’essaye, je ne peux rien me rappeler… la simple vérité est : je ne me rappelle pas. ». Jusqu’où peut remonter notre souvenir d’une conversation survenue plusieurs années auparavant ?

Ne jetons pas la pierre !
S’agissait-il des prodromes de la maladie ou de banals lapsus chez un homme qui serait déjà à la retraite depuis longtemps s’il n’était pas un homme politique ? En 2001, son fils Ron Reagan a déclaré que son père présentait des symptômes de stade précoce de la maladie d’Alzheimer durant sa présidence ; il aurait pressenti quelque chose dès 1983 en le voyant chercher ses mots, s’empêtrer dans ses réponses et s’emmêler dans ses notes. Plusieurs médecins de la Maison Blanche ont déclaré n’avoir jamais repéré de signes pendant ses deux mandats. Ce n’est que vers 1992-1993, bien après la fin de sa présidence, que ses médecins se sont inquiétés, et c’est en août 1994, c’est-à-dire cinq ans après avoir quitté la Maison-Blanche, que le diagnostic de maladie d'Alzheimer a été formellement porté chez Ronald Reagan, lors de sa visite annuelle à la Mayo Clinic de Rochester, un des centres médicaux les plus réputés dans le domaine des maladies neurodégénératives.
Si, comme le soutient son fils, sa maladie a débuté en 1983, elle aurait duré 21 ans ? C’est exceptionnel comme durée d’évolution d’une maladie d’Alzheimer. Toutes les anecdotes rapportées évoquent plutôt une étourderie, des lapsus et le manque du mot que l’on peut observer naturellement chez un septuagénaire exerçant un métier écrasant au stress énorme. S’il avait fallu s’inquiéter des lapsus d’un septuagénaire, que devrions-nous craindre pour les erreurs survenues à 58 ans chez François Hollande (république de « Macédonie » et peuple « chinois ») ? En fonction de l’âge, l’esprit n’interprète pas de la même façon des erreurs identiques. Tout est une question de perspective... et de respect !



Pour en savoir plus : Bernard Croisile. Tout sur la mémoire. Éditions Odile Jacob (2009). Bernard Croisile. Alzheimer : que savoir, que craindre, qu’espérer ? Éditions Odile Jacob (2014).

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