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Le déremboursement des traitements anti-Alzheimer : un scandale sanitaire !

Le Billet du Neurologue, Dr Bernard CROISILE - Juillet 2018

Début juin, les patients atteints de maladie d’Alzheimer et leurs familles, les médecins et tous les soignants regroupés autour de cette terrible maladie ont appris que le ministère de la Santé déremboursait à partir du 1er Août 2018 les quatre médicaments (Aricept®, Réminyl®, Exelon®, Ebixa®) ayant eu une Autorisation de Mise sur la Marché contre la maladie d’Alzheimer. Le motif invoqué était leur inefficacité et leur dangerosité. Alors que certains d’entre eux sont commercialisés depuis 20 ans, dans le monde entier, chez des millions de patients, après des dizaines d’articles scientifiques qui ont démontré leur intérêt cognitif, psycho-comportemental, économique, humain… Bref, une mesure injuste et injustifiée, qui pénalise des centaines de milliers de patients en France ainsi que leurs familles et tous les professionnels.

Sous la houlette de Serge Bakchine, Professeur de Neurologie à Reims, près de 200 médecins spécialistes de la maladie d’Alzheimer ont adressé une Lettre ouverte à Madame Agnès BUZYN, Ministre des Solidarités et de la Santé, intitulée « Non au déremboursement des médicaments symptomatiques de la maladie d’Alzheimer. » En voici quelques extraits…



Inefficaces ?
« Nous sommes en premier lieu choqués par l’argumentaire biaisé qui a conduit à cette décision. Notre communauté a toujours eu conscience d’une efficacité limitée, quoique significative, de ces médicaments, notion que nous nous sommes toujours fait un devoir de communiquer aux personnes malades et à leurs familles. Il faut rappeler toutefois que cette efficacité, comme pour toute molécule mise récemment sur le marché, a été démontrée par des études rigoureuses qui ont été validées selon les règles scientifiques en vigueur par les agences régulatrices (notamment l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament -ANSM en France, l’European Medicine Agency-EMEA en Europe et la Food and Drug Administration-FDA aux USA). Partout par le monde et depuis des années, les spécialistes ont intégré ces traitements à leur pratique et les considèrent comme pertinents, en association à un ensemble de mesures thérapeutiques non médicamenteuses. Ceci a permis une prescription de niveau mondial. »



Dangereux ?
« Affirmer que des médicaments prescrits depuis 20 ans à bon escient à des centaines de milliers de personnes malades sont dangereux devrait être fondé sur des preuves. Or, ni la littérature scientifique, ni les signaux de pharmacovigilance (tant nationaux qu’européens) n’apportent de preuve convergente de cette hypothétique dangerosité, lorsque ces médicaments sont utilisés dans le respect des contre-indications (par exemple cardiologiques) mentionnées dans le résumé des caractéristiques du produit. Notre expérience de prescripteurs de longue date confirme également une tolérance le plus souvent excellente. »



Pourquoi déremboursés et pas supprimés ?
« En effet, si ces médicaments étaient réellement reconnus comme « nocifs et dangereux », ou si vous disposez à ce sujet d’informations précises qui ne seraient pas connues des professionnels et des patients, ce n’est pas un simple déremboursement qu’il convenait de mettre en œuvre, mais une procédure de retrait du marché, en missionner l’ANSM pour initier cette procédure, et pour la porter au niveau européen devant l’EMEA. »



Des propos alarmistes…
« Dans tous les cas, des propos alarmistes tenus par une autorité telle que la vôtre sont de nature à susciter une inquiétude infondée auprès des patients et de leurs familles, sans compter les retombées potentiellement négatives sur la qualité de la relation de confiance liant les patients et les familles à ceux, nombreux parmi nous, qui sommes des prescripteurs vigilants et critiques, de ce type de médication. »



Et dans les autres pays ?
« … le National Institute for Health and Care Excellence (NICE), équivalent de la HAS (haute Autorité de Santé) au Royaume Uni, qui a la réputation d’une rigueur extrême dans la gestion de l’argent public, a conclu après avoir mené plusieurs grandes études académiques (et donc indépendantes des laboratoires) qu’il existe un rapport coût/bénéfice en faveur des inhibiteurs de l’acétylcholinestérase et de la mémantine, affirmation récemment renouvelée en mai 2016. »



Et en pratique ?
Au-delà des travaux scientifiques déjà convaincants, que nous démontre l’expérience clinique quotidienne ? J’ai bien connu la période avant l’arrivée des traitements, et depuis 1994/1998 j’ai traité plus de 3 000 patients, or j’ai bien constaté que l’évolution des patients n’est plus la même depuis qu’ils sont traités, comme l’a résumé une famille « Votre traitement, c’est un parachute ! » Dois-je traiter de menteuses les familles qui me racontent : « Elle refait le ménage et quelques courses » ou « Il va mieux, il s’intéresse davantage, il regarde la TV, il fait des remarques plus justes, il reparle au téléphone » ? Même si cet effet est transitoire, il est encourageant. Dois-je refuser de croire la fille qui me dit qu’après quelques jours de traitement, sa mère n’a plus l’hallucination vespérale de sa sœur décédée qui l’angoissait tellement ? Et depuis deux ans, cette hallucination quotidienne n’est pratiquement pas revenue ! Autre constatation, l’arrêt des traitements entraîne chez de nombreux patients une accélération de la maladie, ce qui incite les familles à les reprendre. Au total, ces traitements sont bien supportés dans 85 % des cas ; certes ils ne guérissent pas la maladie et n’améliorent pas la mémoire, mais ils suppriment, retardent ou empêchent certains troubles (hallucinations, dépression, agressivité…), ils ralentissent l’évolution de nombreux patients, ils réduisent les coûts de prise en charge de la maladie et retardent de 2 à 3 ans l’entrée en institution. Ces évidences sont reconnues dans le monde entier. Alors, que se passe-t-il chez nous ? Sans doute l’exception culturelle française…



Pour en savoir plus :
Bernard Croisile. Alzheimer : que savoir, que craindre, qu’espérer ? Éditions Odile Jacob (2014).

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