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Pourquoi les femmes sont-elles plus à risque de développer une maladie d’Alzheimer ?

Le Billet du Neurologue Dr Bernard CROISILE

Le Général De Gaulle avait coutume de dire que si les hommes et les femmes sont égaux, ils ne sont pas pareils. Pour preuves, en moyenne, les hommes sont plus grands et plus lourds que les femmes, les toilettes pour hommes sont toujours plus sales que celles des femmes, et il faudrait être outrageusement féministe pour s’insurger contre le fait que les disciplines sportives les séparent en catégories distinctes. Espérons que jamais une loi n’obligera à raccourcir les hommes afin d’obtenir une égalité pleine et entière… Si ma remarque faisait grincer des dents certaines personnes plus que d’autres, on pourrait en déduire aussi une différence au niveau de l’humour…
La physiologie (le fonctionnement biologique normal) et la pathologie (les maladies) confirment des différences liées au genre, avec des explications variées et complexes. Une des différences les plus mystérieuses est celle d’un risque plus élevé de maladie d’Alzheimer chez les femmes.

Une inégalité devant les maladies
Les hommes rencontrent plus de problèmes de santé que les femmes et vivent moins longtemps qu’elles : ils sont plus fragiles et aussi plus enclins à des comportements à risque. Des maladies sont plus fréquentes chez les hommes (maladies cardio-vasculaires, cancer du poumon, sclérose latérale amyotrophique) ou chez les femmes (dépression, sclérose en plaques, polyarthrite rhumatoïde, cancer du sein – car s’il peut survenir chez l’homme, il reste néanmoins exceptionnel).
Les hommes sont plus exposés que les femmes à certains risques tels que le sport, les travaux extérieurs, les facteurs de risques vasculaires (tabac, alimentation, hypertension artérielle…), etc… Cette inégalité diminue par exemple pour le cancer du poumon qui n’existait pas autrefois chez les femmes, parce qu’elles ne fumaient pas ou très peu, alors que maintenant le nombre de cas chez les femmes est en progression constante, résultat d’un tabagisme excessif. De mauvaises habitudes hygiéno-diététiques ont longtemps expliqué un nombre très élevé de maladies cardio-vasculaires chez les hommes, avec plus d’AVC et plus d’infarctus du myocarde.
D’autres explications que celles liées à l’environnement résultent de facteurs génétiques ou hormonaux. Par exemple, la calvitie touche principalement les hommes et on observe plus de dyslexies chez les garçons.
Les dépressions sont plus fréquentes chez les femmes dont on avance la plus grande fragilité émotionnelle, mais il existerait un biais car, pour des raisons culturelles, les dépressions seraient moins facilement repérées chez les hommes qui répugneraient à avouer un trouble de l’humeur.

La maladie d’Alzheimer
Il faut tout d’abord comprendre la différence entre la prévalence (le nombre total de personnes ayant une maladie dans la population) et l’incidence (le risque qu’ont certaines personnes de la développer).
Dans tous les pays, il y a plus de femmes que d’hommes ayant une maladie d’Alzheimer, ceci signifie que la prévalence féminine de l’Alzheimer (nombre de cas) est plus importante que la prévalence masculine.
L’explication immédiate est simple : les femmes vivent plus longtemps que les hommes, or le principal facteur de risque de l’Alzheimer est l’avancée en âge, comme plus de femmes vivent âgées, il est logique que l’on compte plus de femmes que d’hommes ayant cette maladie, avec une proportion de 67% environ quel que soit le pays.
Or, si l’on mesure cette fois-ci l’incidence, c’est-à-dire si l’on prend 100 000 hommes et 100 000 femmes de 80 ans, et que l’on compte le nombre de cas d’Alzheimer, on observe qu’il y a plus de femmes avec un Alzheimer que d’hommes, ce qui prouve que le risque est plus important chez les femmes, indépendamment du fait qu’elles vivent plus longtemps.

Quelles explications ?
Soit les femmes ont un risque plus élevé, soit les hommes ont un risque plus faible, soit les deux. Jusqu’à présent le risque féminin plus élevé était attribué à la ménopause et à la disparation des hormones, en particulier les œstrogènes. De ce fait, des études de supplémentation en œstrogènes (sans progestérone) ont été réalisées, mais interrompues car si l’effet protecteur semblait bien s’observer, les patientes subissaient un risque plus élevé de cancers génitaux ou d’AVC du fait de l’absence de progestérone. Et malheureusement, l’effet protecteur disparaissait lorsqu’on combinait œstrogène et progestérone.
Un plus faible risque d’Alzheimer chez les hommes est plus difficile à comprendre, l’explication la plus souvent avancée est que, les hommes étant plus vulnérables - puisqu’ils meurent plus tôt que les femmes, un homme très âgé serait sans doute plus résistant à la survenue de certaines maladies, en particulier aux effets biologiques de la maladie d’Alzheimer. Quand on ne sait pas, on imagine bien n’importe quoi…

Une nouvelle explication
La maladie d’Alzheimer résulte de la coexistence dans le cerveau de deux protéines anormales, la protéine amyloïde et la protéine tau phosphorylée. La protéine amyloïde s’amoncelle entre les neurones qui sont altérés par la présence de cette protéine neurotoxique. De son côté, la protéine tau phosphorylée s’accumule au sein des neurones dont elle désagrège l’architecture et le métabolisme, ce qui perturbe le fonctionnement des réseaux cognitifs et comportementaux, aboutissant ainsi à la perte d’autonomie des patients. Progressivement, ce processus tau anormal se propage de neurones en neurones, et si le processus amyloïde semble être le déclencheur de la maladie, la propagation tau apparaît comme étant le grand tueur des neurones.
En juillet 2019, au Congrès Mondial de la maladie d’Alzheimer à Los Angeles, des chercheurs américains du Vanderbilt University Medical Center (Nashville, Tennessee) ont apporté une nouvelle explication au risque féminin supérieur vis-à-vis de cette maladie. Au moyen de PET-scan et de techniques statistiques élaborées, les scientifiques ont comparé le fonctionnement cérébral de personnes normales à d’autres ayant des troubles cognitifs légers, en tenant compte ensuite du genre des patients. Il est apparu que les réseaux neuronaux envahis par la protéine tau phosphorylée étaient plus interconnectés chez les femmes, cette plus grande connectivité accélèrerait la propagation de la protéine tau anormale d’un réseau neuronal à un autre.
Avec une progression plus rapide des lésions, le risque d’Alzheimer est ainsi accru chez les femmes au stade très précoce. Si cette hypothèse se vérifiait, on devrait ensuite observer une évolution plus rapide des signes de la maladie chez les femmes, ce qui n’est pas vraiment démontré à l’heure actuelle. Pour l’heure, le point crucial est de recommander aux femmes de mettre en place des techniques préventives ayant pour objectif de renforcer leurs systèmes de compensation cérébrale.

Pour en savoir plus :
Bernard Croisile. Alzheimer : que savoir, que craindre, qu’espérer ? Éditions Odile Jacob (2014).

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