Comment palper le cerveau sans le toucher ?

Pour détecter des changements structurels dans les tissus, notamment leur élasticité, la palpation physique est une technique souvent utilisée par les médecins lors d'un examen médical. A titre d’exemple, les tumeurs cancéreuses se présentent généralement sous la forme de nodules beaucoup plus durs que les tissus sains environnants. Cette palpation peut être remplacée par des techniques de propagation d'ondes dans le corps, dont les vitesses variables donnent des informations sur la rigidité des organes. Jusqu'à présent, la double protection du cerveau par le crâne et le liquide céphalo-rachidien empêchait l'application de ces procédés au cerveau. La palpation du cerveau ne pouvait se pratiquer qu'après l'ouverture de la boîte crânienne. La recherche menée par Stefan Catheline et son équipe à l'Inserm a donné naissance à une méthode inspirée de la sismologie qui pourrait éviter cette procédure très envahissante et fournir les mêmes informations que la palpation physique.
Mais quel est le rapport entre l'étude des tremblements de terre et celle du cerveau ? Les ondes. En effet, tout comme la Terre, notre cerveau émet des vibrations par la pulsation du sang dans les artères et la circulation du liquide céphalo-rachidien ; autant d'ondes détectables et visionnables sur un écran d'ordinateur. Dans leur étude (publiée dans la revue scientifique Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America), les chercheurs de l'Inserm ont réussi à détecter par IRM des vibrations naturelles du cerveau et ont emprunté des techniques de calcul utilisées en sismologie pour les représenter sur un écran d'ordinateur. La détection et la capture de ces ondes dites de cisaillement cérébrales naturelles permettrait d'obtenir un état des lieux de l'élasticité du cerveau, semblable à la palpation physique.
Cette méthode d'élastographie par résonance magnétique, qui enregistre le "fond sonore" du cerveau, pourrait être développée pour cartographier les changements dans la rigidité des tissus cérébraux, sans recourir à des biopsies du cerveau. Si des tests pour affiner le repérage d'anomalies cérébrales et des expérimentations à plus grande échelle doivent être poursuivis, ce principe innovant pourrait jouer un rôle important dans la détection et l'analyse de l'évolution des processus neurodégénératifs.
Source : http://www.pnas.org/content/early/2015/09/30/1509895112.abstract?sid=9fe2f451-629d-445f-896d-aa71c57190d2