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Dormir nous rendrait-il plus créatif ?

15 ans avant son film à succès Le Grand bain, G. Lelouche a co-réalisé son premier long-métrage : Narco. Dans cette comédie, Guillaume Canet incarne un personnage souffrant de narcolepsie, ce qui constitue, de prime abord, un handicap. Mais le jeune homme s’aperçoit que cela décuple aussi son imagination de façon incroyable ; et il transforme alors ses rêves en véritables bandes dessinées. Une recherche réalisée sur des sujets narcoleptiques vient justement de suggérer un lien entre le sommeil et les capacités créatives.

De rares études ont déjà tenté de percer le mystère du sommeil en tant que « muse créative ». Certaines ont déjà démontré le rôle du sommeil paradoxal pour la créativité. Cette phase de sommeil pourrait favoriser la réorganisation de réseaux associatifs et offrir une meilleure vue d’ensemble d’un problème, ce qui générerait des associations peu évidentes, desquelles pourrait découler de nouvelles solutions (voir par exemple, Cai et al., 2009). Cependant, comme le soulignent les auteurs (en préambule de leur article), dans ces recherches, la créativité n’est pas directement évaluée (si ce n’est par de simples tests associatifs).

Dans la mesure où les capacités créatives se développent vraisemblablement sur plusieurs années, la difficulté pour les chercheurs étaient de trouver des sujets à analyser sur une longue période. L’équipe scientifique (constituée de médecins de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, de chercheurs de l’Inserm, du CNRS et de Sorbonne Université au sein de l’Institut du Cerveau et de la Moelle épinière, en collaboration avec une équipe de l’Université de Bologne) a trouvé la solution : « faire appel à des experts en sommeil paradoxal et en rêve : des sujets atteints de narcolepsie ». Ce trouble rare du sommeil se manifeste par des phases de sommeil incontrôlables et les endormissements ont pour particularité très courante de débuter immédiatement par la phase de sommeil paradoxal. Chez les personnes qui ne souffrent pas de ce trouble, cela n’est pas le cas, puisque leur nuit commence « normalement » par une phase de sommeil lent. De ce fait, les sujets narcoleptiques présentent une somnolence diurne excessive, souvent accompagnée de transitions directes de l’éveil au sommeil paradoxal. Les scientifiques rappellent également que les sujets narcoleptiques sont majoritairement ce qu’on appelle des rêveurs lucides, c’est-à-dire conscients de rêver (au point même où certains peuvent parfois modifier le scenario de leur rêve !). Or des études ont déjà associé positivement le rêve lucide à la créativité.

Pour les raisons évoquées supra, C. Lacaux et ses collègues ont postulé que les personnes narcoleptiques pourraient développer des capacités de création plus élevées. Pour tester cette hypothèse, l’équipe a comparé 185 sujets atteints de narcolepsie (âge moyen = 36 ans ; 56% de femmes) vs 126 sujets contrôles (âge moyen = 33 ans ; 52 % de femmes). Afin d’évaluer le plus précisément possible les capacités créatrices (ce qui n’est pas chose aisée), les chercheurs ont utilisé deux mesures. La première (subjective) se présentait sous la forme de questionnaires auto-administrés, avec un test de « profils créatifs » (axé sur la personnalité) et un autre sur l’ « accomplissement créatif » (avec des questions sur les réalisations personnelles des participants dans divers domaines artistiques, tels que l’écriture, le cinéma, l’architecture, la cuisine, etc.). La seconde mesure (plus objective) était un test formel (EPoC, Evaluation du Potentiel Créatif) qui évalue les deux grandes dimensions de la créativité, avec une tâche de pensée divergente (trouver des utilisations alternatives pour des objets) et une autre de pensée convergente (intégrer plusieurs objets dans une seule et même production, cohérente et originale). 60 participants (30 patients et 30 contrôles) ont passé ce test.

Les résultats indiquent que les sujets narcoleptiques ont un potentiel créatif supérieur à celui des sujets du groupe contrôle, tant pour les évaluations subjectives qu’objectives. Ce fort potentiel s’étend à tous les modes de pensée créatrices analysés dans l’étude (à l’exception de la pensée créatrice divergente). D. Oudiette, co-auteure de l’étude, précise cependant que « seule une partie [des sujets narcoleptiques] sortait vraiment du lot en matière d’accomplissement créatif. De plus, le sous-groupe de rêveurs lucides obtenait les scores les plus élevés au test de profils créatifs, suggérant un rôle du rêve dans les capacités créatives ». L’équipe de recherche explique ces résultats par des « occasions » plus fréquentes chez les individus narcoleptiques d’incuber et d’associer des idées pendant le sommeil paradoxal et de s’en souvenir au réveil. Cela représenterait alors une note positive pour celles et ceux qui souffrent de ce trouble du sommeil difficile à vivre.

Plus largement, cette recherche ouvre de sérieuses pistes vers une meilleure compréhension des fonctions du sommeil paradoxal et des rêves.
Allez, je m’en vais faire une petite sieste !
Source : Célia Lacaux, Charlotte Izabelle, Giulio Santantonio, Laure De Villèle, Johanna Frain, Todd Lubart, Fabio Pizza, Giuseppe Plazzi, Isabelle Arnulf, Delphine Oudiette, « Increased creative thinking in narcolepsy », in Brain, , mai 2019. https://doi.org/10.1093/brain/awz137 // Site de l’Institut du Cerveau et de la Moelle épinière (ICM) : https://icm-institute.org/fr/actualite/narcolepsie-rend-plus-creatif/ // Cai D, Mednick S, Harrison E, Kanady J, Mednick S. « REM, not incubation, improves creativity by priming associative networks », in Proc Natl Acad Sci, 2009

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