Le cerveau des "créatifs" est-il différent ?

La recherche réalisée par deux statisticiens s’est appuyée sur une étude sur la neuroanatomie de la créativité menée en amont par R. Jung et ses collègues (Université du Nouveau Mexique). Grâce à une technique IRM particulière, cette équipe de neuroscientifiques a pu établir des cartes en 3D des réseaux neuronaux. Parallèlement, elle a évalué le degré de créativité chez des étudiants américains (âgés en moyenne de 23.7 ans). Pour ce faire, outre le remplissage d’un questionnaire sur leurs compétences dans divers domaines (arts visuels, musique, cuisine, danse, écriture, etc.), les participants ont passé une série de tests, comme dessiner le plus possible de figures géométriques en 5 minutes ou bien trouver des usages alternatifs à des objets du quotidien.
Ensuite, Daniele Durante et David B. Dunson, respectivement de l’Université de Padoue (Italie) et de Duke (Etats-Unis), ont étudié le réseau de connexion de la matière blanche (ensemble des fibres de neurones connectant les différentes aires du cerveau), via les mouvements des neurones, dans 68 régions cérébrales distinctes. Comment ont-ils réalisé cette étude ? En tant que statisticiens, ils ont pu créer des algorithmes capables d’analyser ces connexions et de les combiner avec les scores de créativité des participants. Cette approche (qui suppose le plus souvent un partage des données neuroscientifiques, comme c’est le cas ici) se nomme la connectomique, c’est-à-dire l’étude de la cartographie du connectome (l’ensemble des connexions neuronales du cerveau).
Les résultats de l’étude, parue dans la revue Bayesian analysis, démontrent que les connexions de la substance blanche entre les hémisphères droit et gauche du cerveau sont beaucoup plus importantes chez les personnes hautement créatives que chez les personnes moins inventives.
Selon les auteurs, cette méthode, la connectomique, pourrait aider à la compréhension des traumatismes crâniens ou du coma, ou encore de la schizophrénie, ce qui conduirait à de nouvelles pistes thérapeutiques.
Source : Durante, Daniele ; Dunson, David B., « Bayesian Inference and Testing of Group Differences in Brain Networks », in Bayesian Analysis, 15 November 2016. doi: 10.1214/16-BA1030. http://projecteuclid.org/euclid.ba/1479179031