Les plantes peuvent-elles réellement entendre ?

L’Arabidopsis thaliana est en quelque sorte, pour les laboratoires, l’équivalent végétal du rat. Les chercheurs se sont donc rendus compte qu’elle pouvait percevoir les signaux acoustiques produits par la mastication des chenilles lorsque ces dernières dégustent ses feuilles, ces vibrations se réverbérant au sein du végétal via tiges et feuilles. Une fois l’information envoyée à la plante, celle-ci peut envoyer des produits chimiques (des glucosinalates et des anthocyanes) réputés tenir les insectes à distance. Et les chenilles en font partie ! Cette plante dispose donc d’un mécanisme de défense naturel, afin d’éloigner les prédateurs. D’autre part, la plante sait distinguer les vibrations acoustiques émises par les chenilles de celles provenant d’autres sources. Par exemple, l’Arabidopsis thaliana ne produit pas de réaction chimique lorsque les chercheurs ont placé à proximité des insectes non nuisibles pour celle-ci. D’autre part, on n’a décelé aucune réaction chimique lorsque la plante était exposée aux vibrations crées par le vent. Cela tend à prouver « l’instinct de survie » de cette plante, et sa capacité à distinguer ce qui est dangereux pour elle de ce qui ne l’est pas.
On pourra vraisemblablement, d’après les chercheurs, transposer l’expérience à d’autres espèces de plantes. Cette plante est la plus étudiée dans le monde de la recherche, de par son cycle de vie rapide. Par conséquent, si l'existence d'un tel mécanisme de défense a été détecté chez la plante la plus étudiée au monde par les scientifiques, il n'est pas interdit de penser que ce mécanisme se retrouve également chez d'autres végétaux.
Ce résultat est-il extrapolable à d'autres espèces de plantes ? C'est probable. En effet, rappelons qu’Arabidopsis thaliana est la plante la plus étudiée par les scientifiques de par le monde (notamment du fait de son cycle de vie rapide). Et justement plantes sont capables de répondre à des vibrations de faible amplitude produites par les plantes voisines, même lorsqu'il n'existe aucun contact chimique ou visuel entre des espèces différentes de plantes. Et si les plantes disposaient de neurones, et étaient capables de réfléchir ?
Source : H. M. Appel, R. B. Cocroft , “Plants respond to leaf vibrations caused by insect herbivore chewing”, Oecologia , August 2014, Volume 175, Issue 4, pp 1257-1266,