Peut-on enseigner le bonheur ?

Dans une entrevue sur NBC News, Laurie Santos, professeur de psychologie, raconte que son cours est né en réaction aux études alarmantes sur l’état de santé émotionnel des étudiants. Celles-ci lui ont permis de prendre conscience du sentiment d’anxiété et de stress des élèves ; beaucoup se sentant submergés par tout le travail à accomplir à l’Université. Et cela peut alors nuire à leur potentiel. Il faut savoir que pour pouvoir entrer dans une Université comme Yale (qui fait partie de l’Ivy League, c’est-à-dire l’une des 8 meilleures Universités des États-Unis), les jeunes postulants travaillent intensément durant des années et une fois leur sésame en poche, ils poursuivent sur le même rythme. Ainsi, selon Laurie Santos, les étudiants adopte de mauvaises « habitudes de vie », en ne sachant pas « prioriser leur bonheur ».
Une élève de première année témoigne à ce sujet dans le New York Times : « La plupart d’entre nous sommes anxieux, stressés, malheureux et le fait qu’un tel cours suscite autant d’intérêt montre combien les étudiants n’en peuvent plus de réprimer leurs émotions, positives et négatives, pour se concentrer sur le travail, la prochaine étape, le prochain défi à relever. » Un rapport de 2013 indique d’ailleurs que pendant leur scolarité, la moitié des étudiants de Yale sollicitent des soins en santé mentale.
Dans l’auditorium géant du campus, destiné habituellement aux cérémonies officielles et aux concerts symphoniques, les étudiants suivent donc en masse un enseignement qui traite d’un sujet qui les concerne directement : leur propre épanouissement. Le cours a pour but non seulement de faire état de ce que les recherches en psychologie nous disent du bonheur (qu’est-ce qui nous rend heureux ?) mais de mettre également des stratégies en pratique. Concrètement, il s’agit pour les élèves d’appliquer les méthodes enseignées pour construire de meilleures habitudes et pour promouvoir leur propre changement positif. Les étudiants ont donc des « devoirs » quotidiens qui consistent (entre autres) à méditer dix minutes par jour, dormir huit heures, faire une bonne action ou encore réduire le temps passé sur les réseaux sociaux (peut-être la tâche la plus difficile …).
A quand un cours sur le bonheur dans toutes les Universités ?
Source : article de Caroline Pain, Le Monde, 08-02-2018