Pourquoi les oiseaux sont-ils si intelligents ?

Parmi les oiseaux, les corvidés (corbeaux, pies, geais, par exemple) et les perroquets semblent être cognitivement supérieurs ; ils peuvent même rivaliser avec les grands singes. Ainsi, ils sont capables de fabriquer et d’utiliser des outils, de comprendre les mécanismes de cause à effet (et inversement), de se reconnaître dans un miroir, de planifier pour les besoins futurs ou encore de déduire les pensées et intentions d’autres espèces, même les humains (c’est ce qu’on appelle la théorie de l’esprit). Sans compter que les perroquets peuvent apprendre des mots et les utiliser pour communiquer avec nous. Pour expliquer les performances cognitives des oiseaux, les chercheurs ont pensé que les connexions dans le cerveau aviaire étaient différentes de celles des primates, mais des études ont démontré qu’il n’en était rien.
La neuroscientifique Suzana Herculano-Houzel et ses collègues ont de leur côté étudié la composition cellulaire du cerveau de 28 espèces aviaires, en mesurant systématiquement le nombre de neurones, des petits diamants mandarins aux grands émeus. Ils ont alors découvert que ceux des oiseaux contenaient plus de neurones que le cerveau des mammifères, même de masse similaire. Un perroquet a autant de neurones dans son cerveau de la taille d’une noix que le singe Macaque, qui a un cerveau de la taille d’un citron. Par exemple, parmi les perroquets étudiés, selon le poids du cerveau (de 23 à 1008 g), le nombre de neurones varie de 227 millions à 3.14 milliards. Cela signifie que les densités neuronales dépassent considérablement celles trouvées chez les mammifères ; oiseaux chanteurs et perroquets pouvant accueillir environ deux fois plus de neurones dans leurs cerveaux que ceux des primates de la même masse. Ils disposent du reste, d’un grand nombre de neurones dans leur pallium, la partie du cerveau qui correspond au cortex cérébral, qui prend en charge les fonctions cognitives supérieures telles que la planification de l’avenir.
Selon S. Herculano-Houzel : « lors de la conception des cerveaux, la nature a deux paramètres, cela peut jouer avec la taille, le nombre et la répartition des neurones dans les différentes aires du cerveau et chez les oiseaux, nous constatons que la nature a utilisé les deux. »
A présent, si on vous dit que vous avez une tête de linotte ou une cervelle de moineau, prenez-le pour un compliment !
Source : Seweryn Olkowicza, Martin Kocoureka, Radek K. Lucan, Michal Porteš , W. Tecumseh Fitchb, Suzana Herculano-Houzelc, and Pavel Nemec, Birds have primate-like numbers of neurons in the forebrain, in PNAS, Mai 2016.