Les potentiels bienfaits physiques et psychologiques des espaces verts font l’objet de nombreuses études, mais celles qui s’intéressent au rôle de ces derniers dans le développement cognitif le sont nettement moins. Nous avons d’ailleurs déjà mis en lumière quelques études sur les effets possibles des espaces verts, notamment sur l’amélioration de l’attention chez les jeunes enfants ou encore sur le temps que nous devrions passer dans la nature pour notre bien-être physique et psychologique. Récemment, des chercheurs de l’University College London et de l’Imperial College London ont essayé de déterminer les effets d’un accès quotidien à différents environnements naturels chez des adolescents de 9 à 15 ans. L’occasion de découvrir quels espaces naturels sont les plus bénéfiques pour le cerveau : les forêts, les prairies, les lacs, etc. ?

Pour leur recherche, Mikaël J.A. Maes (Doctorant UCL Geography, UCL Biosciences et Imperial College London School of Public Health) et ses collègues ont utilisé les données d’une cohorte de 3568 sujets récoltées lors d’une étude longitudinale réalisée entre 2014 et 2018 auprès d’enfants et adolescents (9-15 ans) scolarisés dans 31 écoles de Londres. L’accès à ces données leur a permis d’examiner les liens entre les différents types d’environnements urbains naturels jouxtant ces écoles (ou les domiciles) et le développement cognitif, la santé mentale et le bien-être général des jeunes élèves.

L’originalité de ces travaux réside dans le fait que les environnements ont été divisés en espaces verts (bois, prairies et parcs) et bleus (rivières, lacs et mer). Par la suite, bois et prairies ont été distingués. En s’appuyant sur des données satellites, l’équipe de scientifiques a pu évaluer le taux d’exposition quotidien de chaque sujet à chacun des environnements dans un rayon de 50, 100, 250 et 500 mètres de leur domicile et de leur école.

Au début et à la fin de l’étude, les jeunes participants ont passé des tests cognitifs, de santé mentale, ainsi que de bien-être psychologique et social. Après ajustement de différentes variables (âge, origine ethnique, sexe, statut socio-économique des parents, type d’école) qui pouvaient venir troubler les résultats, les chercheurs ont observé qu’une exposition quotidienne plus importante aux forêts (mais pas aux prairies) pouvait améliorer de 2.14% le développement cognitif et diminuer de 16% les risques de problèmes émotionnels et de comportements chez les jeunes sujets. Bien que plus faible, un effet similaire sur la cognition a été relevé pour les espaces verts dans leur ensemble, mais pas pour les espaces bleus (à noter que, dans la cohorte étudiée, l’accès à ces derniers était plutôt faible).

Selon les auteurs, ces résultats « contribuent à notre compréhension des types d'environnements naturels en tant que facteur de protection important pour le développement cognitif et la santé mentale d'un adolescent et suggèrent que tous les types d'environnement ne peuvent pas contribuer de manière égale à ces bienfaits pour la santé ». Par ailleurs, ils suggèrent que « les décisions de planification urbaine visant à optimiser les avantages des écosystèmes liés au développement cognitif et à la santé mentale devraient soigneusement prendre en compte le type d’environnement naturel inclus. »