Comment une odeur fait-elle ressurgir des souvenirs ?

Les études (ainsi que l'épisode de la madeleine de Proust) ont déjà montré que les odeurs et le goût seraient plus évocateurs de souvenirs que les autres systèmes sensoriels. La recherche, menée par le neurologue Kei M. Igarashi et ses collègues (publiée dans la revue Nature), a mis en évidence l'apparition d'ondes cérébrales de fréquences similaires en deux endroits du cerveau : le cortex entorhinal et l'hippocampe. Le premier est impliqué dans le traitement de l'information olfactive et le second joue un rôle crucial dans la mémoire (et le repérage spatial). Dans le cas d'un stimulus olfactif associé à un souvenir que l'on peut décrire, verbaliser, il s'agit plus spécifiquement de la mémoire déclarative. Comment les chercheurs ont-ils pu rendre compte de cette récupération de la mémoire (déclarative) grâce à cette activité cérébrale interactive entre le cortex entorhinal et l'hippocampe chez des rats ?
L'expérience a été la suivante : les chercheurs ont placé 17 rats dans des labyrinthes et les ont entrainés à associer une odeur à de la nourriture. Concrètement, il s'est agi d’apprendre à un rat à mémoriser un chemin (jusqu’au lieu du labyrinthe où était disposée de la nourriture) en fonction d’une odeur ressentie. Après 3 semaines d'entrainement, le pourcentage de bonnes associations odeur-nourriture a continuellement augmenté jusqu'à atteindre 85%. L'activité neuronale entre le cortex entorhinal et l'hippocampe a ensuite été mesurée chez 5 rats bien entrainés. Les scientifiques ont alors observé que la capacité des rats à correctement associer une odeur à un lieu repose sur l'apparition d'ondes cérébrales parfaitement synchrones (20-40 Hz) dans ces deux régions du cerveau. Cette harmonie de fréquences permet ainsi, dans cette expérience, la synchronie entre la mémoire olfactive et la mémoire spatiale. Les rats sont effectivement capables, à partir d'une odeur, de se remémorer un contexte, en l'occurrence ici l'endroit où se trouve la nourriture.
Cependant, comme le précisent les auteurs de l'étude, si la relation cortex entorhinal-hippocampe est établie, ses liens avec la formation de la mémoire nécessitent encore d'autres recherches. Reste que cette expérience apporte des éléments intéressants pour l'apprentissage et les techniques de mémorisation. A quand plus d'odeurs et de saveurs à l'école ?
Source : Kei M. Igarashi, Li Lu , Laura L. Colgin, May-Britt Moser & Edvard I. Moser, Coordination of entorhinal–hippocampal ensemble activity during associative learning