De l’ail pour préserver la mémoire ?

Les neurosciences, associées à la microbiologie, ont montré qu’une communication permanente entre notre intestin et notre cerveau était effective. 200 millions de neurones présents dans notre intestin grêle et notre gros intestin sont connectés à notre cerveau grâce au nerf vague. En ce sens, notre alimentation joue un rôle important. Pour favoriser la neurogénèse, il est d’ailleurs recommandé de manger des aliments variés pour entretenir notre microbiote. Celui-ci produit notamment des molécules capables d’agir comme des médiateurs chimiques du système nerveux. Certains aliments font l’objet d’études plus précises. C’est le cas ici pour l’ail.
Jyotirmaya Behera et ses collègues sont partis du constat que peu de recherches ont été menées sur les effets sur la santé liés aux modifications du microbiote intestinal. En effet, avec l’âge, le microbiote se détériore ; il devient moins diversifié et moins foisonnant. Dans la présente étude, il s’agissait de « mieux comprendre le lien entre les changements dans le microbiote intestinal et le déclin cognitif associé au vieillissement. »
Sur le plan expérimental, les scientifiques ont administré de l’ail (sulfure d’allyle) par voie orale à des souris âgées de 24 mois (groupe 1). Si on dresse un parallèle avec les humains, cet âge correspond à des personnes de 56 à 69 ans. Ce groupe de souris a été comparé à un autre (groupe 2) dont les individus (de 4 à 24 mois) n’ont reçu aucune dose d’ail quotidienne. Les résultats indiquent que les souris âgées « nourries » à l’ail ont un microbiote de meilleure qualité, de meilleures capacités comportementales, ainsi que des mémoires à court et long terme plus robustes. En fait, ces souris avaient les mêmes capacités que les plus jeunes souris du groupe 2.
Le sulfure d’allyle agirait donc de façon bénéfique sur le microbiote intestinal, lui-même favorable à la bonne santé cérébrale. Il stimulerait également la production d’un facteur neurotrophique (qui favorise la bonne santé des neurones) bien utile pour le bon fonctionnement de la mémoire. L’équipe de recherche indique que ces résultats sont encourageants, notamment pour les personnes qui souffrent d’une maladie neurodégénérative. Mais des études supplémentaires (et pas seulement chez les souris) sont indispensables pour davantage préciser les possibles bienfaits de l’ail sur la préservation de la mémoire.
A noter que dans cette expérience, l’ail était consommé cru. En effet, parmi les aliments bénéfiques au microbiote, figurent les végétaux crus ou très peu cuits.
Source : Jyotirmaya Behera, Kimberly E. Kelly , and Neetu Tyagi. « Altered Non-Coding RNA-Histone Acetylation Regulatory Circuit Is Associated With Cognitive Impairment via Gut Dysbiosis in Aging Mice », in The FASEB Journal (Federation of American Societies for Experimental Biology Journal), avril 2019