Dessiner, c'est mémoriser !

Afin de comparer la mémorisation de dessins par rapport à la mémorisation de mots, les chercheurs de l’Université de Waterloo (Canada) ont mis au point sept protocoles.
Dans les expériences 1 et 2, les participants (exp.1 : 55 ; âge = 20,6 ans - exp.2 : 49 : âge = 19,10) ont été invités à dessiner ou à écrire des mots, puis pour quelques-uns, à ajouter des détails à leurs écrits (certains ont alors dessiné des motifs floraux sur certaines lettres, ou encore des notes de musique, pour le mot « harpe », par exemple). Ensuite, on leur a demandé de rappeler le plus possible de mots en 60 secondes.
Les expériences 3 à 5 avaient pour but de déterminer si le dessin entraînait un niveau de traitement plus profond (élaboré) par rapport à l’écrit. Pour tous ces protocoles, les participants avaient pour consigne soit de dessiner le mot, soit de l’écrire et une troisième modalité leur était présentée. Dans l’expérience 3, les participants (47 ; âge = 20.2) avaient aussi pour consigne de lister les caractéristiques physiques du mot présenté ; dans l’expérience 4 (28 ; âge = 20,3), ils devaient se représenter mentalement l’image du mot ; et dans la l’expérience 5 (37 ; âge = 19,1), on leur présentait une image représentant le mot à mémoriser.
Dans les expériences 6 (28 ; âge = 20,6) et 7 (47 ; âge = 19,5), ont été explorées les limites possibles de l’effet dessin, par la réduction des temps de présentation (et donc d’encodage) des items (plus nombreux : 66 au lieu de 30) et l’obligation de choisir une seule modalité entre dessiner ou écrire tous les mots (exp.7).
Tous les résultats de ces différentes expériences montrent clairement la supériorité du dessin sur les autres modes d’encodage testés dans une tâche de mémorisation et de rappel libre. Selon les auteurs, un traitement plus profond de l’information ne suffirait pas à expliquer cet effet « boostant » du dessin. Ils expliquent que ce dernier améliore la mémoire en encourageant une intégration transparente des aspects sémantiques, visuels et moteurs ; cette compilation favorisant au final les traces mémorielles.
Dernière information importante : pas besoin d’être un grand dessinateur pour changer ses habitudes ! En effet, la qualité des dessins ne semble pas avoir d’effet sur la mémorisation. Dans les deux dernières expériences, même s’ils avaient seulement 4 secondes pour illustrer le mot à mémoriser, le gain mémoriel, par rapport à l’écrit, était toujours présent chez les participants.
Source : Jeffrey D. Wammes, Melissa E. Meade & Myra A. Fernandes (2016) The drawing effect: Evidence for reliable and robust memory benefits in free recall, The Quarterly Journal of Experimental Psychology, 69:9, 16 février 2016.