L’exercice physique peut-il améliorer la mémoire ?

Peut-être l’avez-vous expérimenté vous-même : souvent, après une session sportive d’endurance (footing ou vélo, par exemple), nous pouvons ressentir un bien-être physique et psychologique. Selon les auteurs de la recherche que nous vous relatons ici, cette sensation est due à de petites molécules produites par notre corps lors de l’effort physique, les endocannabinoïdes. Connues pour favoriser la plasticité hippocampique, K. Igloi (du Département des neurosciences fondamentales de la Faculté de Médecine de l’Université de Genève, Suisse) précise qu’ « elles circulent dans le sang et traversent facilement la barrière hémato-encéphalique ; elles se lient ensuite aux récepteurs cellulaires et déclenchent cette sensation d’euphorie. De plus, ces mêmes molécules se lient aux récepteurs de l’hippocampe, la principale structure cérébrale pour le traitement de la mémoire. »
Afin de mieux cerner le lien entre la pratique sportive et la mémoire, les chercheurs ont recruté 15 jeunes hommes (âge moyen = 23.2 ans) en bonne santé (sans être des athlètes pour autant), à qui ils ont proposé un test de mémoire dans trois conditions d’exercice physique : après une séance de 30 minutes de vélo (vitesse modérée), après une séance de 15 minutes (vitesse intense) ou après une période de repos (lecture de magazines). Concrètement, pour tester la mémoire, le participant était engagé dans une tâche de séquence motrice. Concrètement, placé devant un écran où figuraient 4 points placés les uns à côté des autres, avec les 4 doigts de sa main gauche (non dominante) positionnés sur un clavier, il devait appuyer le plus rapidement possible sur le bouton correspondant à chaque fois qu’un des points se transformait brièvement en étoile.
A côté des résultats aux tests de mémoire, le protocole a également combiné des mesures IRM ainsi que des échantillons sanguins (pour établir les niveaux d’endocannabinoïdes). Les résultats indiquent que l’exercice physique améliore la mémoire des séquences motrices. Cela est d’autant plus probant pour les séances sportives intensives que pour les exercices physiques modérés. Les scientifiques ont observé que cette amélioration était corrélée avec l’augmentation des taux d’endocannabinoïdes et qu’elle concordait avec des augmentations locales de l’activité du noyau caudé et de l’hippocampe. Ainsi, cette expérience démontre qu’une séance de vélo de 15 minutes (à vive allure) est bénéfique pour la mémoire, y compris l’acquisition de nouvelles habiletés motrices.
Cette nouvelle étude contribue à renforcer l’impact positif de la pratique d’une activité sportive ; et au-delà, elle ouvre des perspectives intéressantes pour les programmes scolaires (qui négligent encore trop les vertus du sport pour l’apprentissage) et pour la prévention des maladies neurodégénératives.
Source : Blanca Marin Bosch, Aurélien Bringard, Maria Grazia Logrieco, Estelle Lauer, Nathalie Imobersteg, Aurélien Thomas, Guido Ferretti, Sophie Schwartz, Kinga Igloi. « Effect of acute physical exercise on motor sequence memory », in Scientific Reports, sept. 2020 // Site de l’Université de Genève : « Sport and memory go hand in hand » : https://www.unige.ch/communication/communiques/en/2020/sport-et-memoire-font-bon-menage/