La lecture à voix haute améliore-t-elle la mémorisation ?

Diverses expériences en psychologie cognitive ont déjà démontré que si je produis moi-même quelque chose à partir d’un nouvel apprentissage, cela renforce l’encodage en mémoire des nouvelles informations. L’exemple classique de cet « effet de production » est la prise de notes. L’étude de Noah D. Forrin et Colin Mac Leod se fonde sur celui-ci et vise à comparer quatre méthodes de mémorisation de mots écrits. Au cours de la première session du protocole, 75 étudiants ont lu et enregistré une liste de 160 mots présentés l’un après l’autre sur un écran d’ordinateur. Les sujets ignoraient pourquoi on leur demandait d’enregistrer les sons de ces mots.
Deux semaines plus tard, 20 mots de cette première session ont été présentés aux étudiants, répartis en quatre groupes. Il s’agissait soit de lire silencieusement ces mots, soit de les lire à voix haute, soit d’entendre quelqu’un d’autre les lire, soit d’écouter ses propres enregistrements. Aussitôt ces modalités effectuées, les participants ont dû identifier les mots présents lors de la première session. Quelle méthode a été la plus efficace ?
La reconnaissance la plus réduite est celle issue de la lecture silencieuse, suivie de l’écoute des mots lus par une autre personne que soi. Lorsque le sujet entend sa propre voix, les performances sont meilleures mais la reconnaissance la plus importante s’est produite chez le groupe d’étudiants qui devaient oraliser les mots. Pourquoi lire à voix haute est-il plus efficace que de seulement nous entendre ? Selon Colin Mac Leod, professeur et président du Département de Psychologie de l’Université de Waterloo (Canada) et Noah Forrin (post doctorant) : « la production orale est bénéfique car elle comporte deux composantes distinctes : un acte moteur (parole) et un apport auditif unique autoréférentiel ». Ces deux aspects renforcent l’engagement avec les mots, ainsi que l’effet de production. D’ailleurs, pour retenir une information, ne nous arrive-t-il pas de nous la répéter à voix haute ? Cette recherche suggère que la répétition serait plus efficace si l’information à retenir est énoncée à haute voix.
Notons enfin que cette étude mesure la mémoire de reconnaissance à partir d’une liste de mots (sous la forme d’un QCM, ce qui est moins exigeant que de « partir de zéro ») ; il serait intéressant de voir si les résultats obtenus se confirment avec des textes.
Source : Noah D. Forrin & Colin M. MacLeod. « This time it’s personal: the memory benefit of hearing oneself », in Memory, oct. 2017