La méditation peut-elle ralentir le vieillissement cérébral ?

En 2015, une étude de l’Université de Los Angeles a déjà mis en évidence les bienfaits des techniques méditatives sur le fonctionnement et même sur la structure du cerveau, chez des sujets âgés de 24 à 77 ans. Partant du constat que les modifications physiologiques liées à l’avancée en âge peuvent être accélérées par le stress et une mauvaise qualité de sommeil, l’équipe de recherche de l’Inserm (Université de Caen-Normandie et Lyon 1) a souhaité étudier plus particulièrement chez les séniors, la possibilité que la pratique de la méditation tout au long de la vie réduise ces changements cérébraux liés à l’âge.
Pour leur étude, les scientifiques ont fait appel à six experts en méditation (15000 à 30000 heures de méditation à leur actif), âgés en moyenne de 65 ans ; ils se sont prêtés à divers examens médicaux. Afin de visualiser l’anatomie de leur cerveau, ils ont passé une IRM, ainsi qu’une TEP (tomographie à émissions de positons) pour en mesurer le métabolisme. Le fonctionnement de leur cerveau a été comparé à celui de 67 personnes témoins du même âge qui ne méditaient aucunement. De façon à mesurer les effets classiques du vieillissement sur le cerveau, un groupe de 186 personnes de 20 à 87 ans a également participé à l’étude.
Les résultats des examens sont clairs, puisque comme le décrit Gaël Chételat : « le cortex frontal (contrôle des émotions) et le cortex cingulaire (prise de décision, empathie, émotion), ainsi que l’insula (émotions) des experts en méditation sont plus volumineux et / ou ont un métabolisme plus élevé que celui des témoins du même âge ». Les auteurs précisent que ces faits sont observables quelles que soient les différences de niveau d’éducation ou de style de vie. Les corrélations entre le fonctionnement (et le volume) des régions du cerveau citées précédemment et les performances cognitives sont généralement avérées, notamment pour les capacités d’attention et de mémoire. Cela signifie que méditer de façon assidue pourrait procurer une réserve cognitive et retarder les effets de l’âge sur le cerveau. L’étude a d’ailleurs montré qu’une sous-structure de l’hippocampe, la corne d’Ammon a été préservée. Or, selon G. Chételat, c’est « la plus sensible à la maladie d’Alzheimer ».
Aussi enthousiasmants que les résultats puissent paraître, l’équipe de recherche souhaite démontrer les effets bénéfiques de la méditation sur une plus large population. Baptisée Silver santé Study, une étude de l’Inserm a recruté 150 volontaires de plus de 65 ans non méditants sur la ville de Caen (Normandie, France). Pendant 18 mois, un groupe qui pratiquera la méditation, un autre l’anglais et un dernier groupe contrôle seront étudiés. Les résultats sont attendus pour 2019.
En attendant, méditez bien !
Source : Gaël Chételat, Florence Mézenge, Clémence Tomadesso, Brigitte Landeau, Eider Arenaza-Urquijo, Géraldine Rauchs, Claire André, Robin de Flores, Stéphanie Egret, Julie Gonneaud, Géraldine Poisnel, Anne Chocat, Anne Quillard, Béatrice Desgranges, Jean-Gérard Bloch, Matthieu Ricard, and Antoine Lutz, « Reduced age-associated brain changes in expert meditators: a multimodal neuroimaging pilot study », in Scientific Reports, août 2017