La pratique régulière d’exercices d’aérobie améliore-t-elle les capacités cognitives ?

Notre organisme dispose de deux grands moyens pour fabriquer de l’énergie : l’aérobie et l’anaérobie. Ce qui distingue ces deux métabolismes est l’utilisation ou non de l’oxygène apporté par la respiration. En puisant dans une réserve qui mobilise différents substrats (principalement des glucides et des lipides), l’aérobie libère de l’énergie de manière relativement lente mais régulière, ce qui permet des efforts longs ; il s’agit donc d’endurance.
La présente étude menée par l’équipe de Yaakov Stern, chercheur à l’Université de Columbia (New York), s’est alors intéressée à la possible efficacité des exercices d’aérobie sur les capacités cognitives, et plus spécifiquement, les fonctions exécutives. Celles-ci interviennent lorsque nous nous trouvons face à une situation nouvelle ou non routinière et mettent en œuvre trois processus : l’inhibition (pour s’empêcher ou arrêter de produire une réponse), la flexibilité (pour passer d’un comportement à un autre) et la planification (pour organiser une série d’actions en une séquence). La stimulation de ces fonctions de « haut niveau » nous permet de raisonner, de prendre des décisions et de résoudre des problèmes.
L’étude a porté sur 132 personnes, âgées de 20 à 67 ans, qui présentaient une capacité aérobique (condition physique) inférieure à la moyenne. Aucune d’elles ne fumaient. Ces participants ont été assignés au hasard dans l’un des deux groupes d’entrainement, dans un centre de remise en forme, pendant 6 mois (4 fois/semaine). Chaque personne portait un moniteur de fréquence cardiaque. Les membres du premier groupe ont effectué des exercices d’aérobie (marcher sur un tapis roulant, utiliser un appareil elliptique, etc.). Au cours du premier mois, ils ont intensifié leurs activités. Ensuite, ils ont été entrainés à 75% de leur fréquence cardiaque maximale. Quant aux membres du deuxième groupe, ils ont pratiqué des exercices d’étirement et de musculation pour développer leur souplesse et leur force.
Chaque participant a passé des tests ciblés sur la mémoire et les capacités de réflexion au début de l’étude, au milieu (à 3 mois) et à la fin (à 6 mois). Des examens cérébraux par IRM ont également été pratiqués. Les résultats indiquent que la capacité aérobique a augmenté de manière significative. L’indice de masse corporelle (IMC) a, quant à lui, baissé significativement, mais pas dans le groupe « étirement/musculation ». Dans le groupe « aérobie », les sujets ont amélioré leurs scores globaux aux tests de 0.50 points, soit une différence significative par rapport à l’autre groupe (amélioration de 0.25 points). Cela est d’autant plus marqué à mesure que l’âge augmente. En effet, à 40 ans, l’amélioration des capacités de réflexion dans le groupe « aérobie » était de 0.228 écart-type et de 0.596 écart-type à 60 ans. Par ailleurs, les scientifiques ont observé une augmentation de l’épaisseur corticale (dans une région frontale gauche), suggérant que les exercices d’aérobie contribuaient à la santé du cerveau, dès l’âge de 20 ans.
Cette recherche apporte de nouvelles preuves des bienfaits d’une activité physique régulière pour l’amélioration des fonctions exécutives ; et plus particulièrement les activités qui sollicitent le métabolisme aérobique. A noter que les scientifiques n’ont pas trouvé de liens entre les exercices physiques et les autres mesures de la fonction cognitive, notamment la mémoire.
Source : Yaakov Stern, Anna MacKay-Brandt, Seonjoo Lee, Paula McKinley, Kathleen McIntyre, Qolamreza Razlighi, Emil Agarunov, Matthew Bartels et Richard P. Sloan. « Effect of aerobic exercise on cognition in younger adults - A randomized clinical trial », in Neurology , janv. 2019