La réalité virtuelle peut-elle améliorer l'apprentissage ?

La réalité virtuelle est une technologie informatique qui permet de plonger physiquement une personne dans un environnement artificiel et de reproduire une expérience sensorielle, qui peut inclure la vue, l’ouïe, le toucher et même l’odorat. Cette technologie est surtout utilisée pour le jeu, mais de nombreuses études mettent en lumière son intérêt pour les champs de l’éducation, de la formation, ou de la remédiation cognitive. Des chercheurs de l’Université du Maryland ont récemment souhaité déterminer si des personnes apprenaient mieux dans un environnement virtuel et immersif, par rapport à un support plus traditionnel, comme l’ordinateur de bureau.
Pour leur étude, l’équipe de scientifiques a repris le format du « palais de la mémoire ». Il s’agit d’une méthode mnémotechnique pratiquée depuis l’Antiquité qui consiste à s’appuyer sur des endroits bien connus (qu’on aura visités plusieurs fois) pour y mémoriser par associations, des objets ou des personnes. Cette technique d’encodage mnémonique spatial ne fait qu’exploiter la capacité de notre cerveau à organiser spatialement nos pensées et nos souvenirs. 40 participants (des étudiants de l’Université du Maryland principalement) se sont familiarisés avec une série d’images de visages connus, dont Steve Jobs, Mona Lisa, Shrek, Arnold Schwarzenegger ou Albert Einstein. Les chercheurs ont ensuite utilisé le palais de la mémoire pour montrer aux sujets ces différents visages. Deux emplacements imaginaires ont été utilisés : une salle intérieure d’un château et une vue extérieure d’une ville médiévale. Pour l’expérience, deux groupes ont été définis (20 participants chacun). Dans le premier, les sujets se sont d’abord baladés pendant 5 minutes dans chacun de ces lieux en mode « réalité virtuelle » (avec un casque immersif), puis devant un écran d’ordinateur en utilisant la souris pour modifier leur point de vue (même durée de visite). Dans le second groupe, l’ordre des modalités de visite était tout simplement inversé.
Pour chaque modalité de visite, Krokos, principal auteur de l’étude, et ses collègues ont donné pour consigne aux participants de mémoriser l’emplacement de chacun des visages, dont la moitié se trouvait à différents endroits dans le décor intérieur et l’autre moitié dans le décor extérieur. Après une courte pause de 2 minutes, chacun de ces décors est réapparu avec à la place des visages des numéros. Chaque personne a donc dû retrouver quel visage se trouvait aux différents endroits numérotés. Quel groupe a alors mieux réussi cette tâche de mémoire ?
Les résultats ont montré une amélioration globale de 8.8% de la précision du rappel grâce à la modalité de visite virtuelle. Par ailleurs, dans leur grande majorité, les participants ont déclaré avoir préféré l’environnement immersif pour la mémorisation. Grâce à la réalité virtuelle, les personnes identifieraient plus concrètement chaque visage par son emplacement physique. Selon Krokos : « en naviguant dans la scène, un utilisateur pourrait déterminer que Hillary Clinton est en haut à gauche de la fenêtre et à 20 mètres de l’endroit où il se trouve lui-même. »
Cette recherche tend donc à démontrer que s’appuyer sur un environnement virtuel immersif pourrait être bénéfique pour certains apprentissages.
Source : Eric Krokos, Catherine Plaisant, Amitabh Varshney, Virtual memory palaces : immersion aids recall, in Réalité virtuelle , mai 2018