Dans un précédent billet (décembre 2015), nous avions décrit l’intérêt, dans son mode de vie, d’attitudes bénéfiques que nous avions regroupées sous le terme de Carré d’As de la prévention de la maladie d’Alzheimer : le régime méditerranéen, la prévention et le traitement des facteurs de risque cardio-vasculaires, une activité physique régulière, et un style de vie cognitivement stimulant (occupations professionnelles ou loisirs).

Dans une publication scientifique récente (Ngandu et al, Lancet, 2015), l’étude finlandaise FINGER a montré un effet indiscutable de la mise en place contrôlée de ce Carré d’As chez des personnes saines, dans le cadre d’une étude dite d’intervention multi-domaine, par opposition à des études où l’on se contente d’observer les activités spontanées des individus.

Dans cette étude, 1 260 personnes non démentes âgées de 60 à 77 ans ont été suivies pendant deux années : elles étaient réparties en deux groupes, un groupe « contrôle » (629 personnes) et le groupe « intervention » (631 personnes). Ce dernier groupe combinait un suivi nutritionnel et des recommandations basées sur le régime méditerranéen ; une surveillance accrue des risques métaboliques et cardiovasculaires ; la pratique d’activités physiques hebdomadaires (aérobic, entraînement musculaire, exercices d’équilibre) ; et la réalisation d’une stimulation cognitive en groupe (conseils pour la vie quotidienne) et de manière individuelle au moyen de jeux sur ordinateur (du type HAPPYneuron).

Des tests neuropsychologiques (mémoire, génération de mots, gestion de l’alternance, résistance aux interférences, concentration…) constituaient le principal critère d’analyse des sujets. Tout d’abord, il faut noter qu’après deux ans de suivi, curieusement, les deux groupes se sont améliorés aux tests, mais les personnes du groupe « intervention » avaient des scores de performance cognitive globale en moyenne 25 % plus élevés (il est possible que le gain du groupe « contrôle » soit dû aux conseils qu’ils eurent pour des raisons éthiques). Plus précisément, elles se sont améliorées de 83 % pour les tests de raisonnement et de 150 % pour la vitesse de traitement de l’information. En revanche, il n’y avait aucune différence entre les deux groupes pour les tests de mémoire. Le risque d’avoir un déclin aux tests après 2 années était significativement plus important chez les sujets contrôles que chez les personnes du groupe « intervention ». Ainsi, protéger ses vaisseaux et ses neurones, et stimuler ces derniers, ont un double bénéfice : une meilleure efficacité cognitive et un moindre déclin. On attend avec impatience les résultats d’un bénéfice éventuel, dans quelques années, sur le risque de survenue d’une maladie d’Alzheimer.

FINGER est la première étude à démontrer qu’une intervention multi-domaine peut maintenir ou améliorer le fonctionnement cognitif en réduisant le risque du déclin cognitif chez des personnes de 60 à 77 ans, saines mais exposées au déclin cognitif naturel et au risque de développer une démence. Même si l’effet semble individuellement modeste, le bénéfice à long terme pourrait se révéler considérable à l’échelle d’une grande population. Alors n’oubliez pas : mangez (bien), bougez (un peu), pensez (utilement) !