Pourquoi n'avons-nous pas de souvenirs avant 3 ans ?

Katherine Akers, de l'hôpital pour les enfants malades de Toronto a mené cette étude sur des souris et des cobayes dans le but d'étudier comment la neurogenèse, ou fabrication de nouveaux neurones, pourrait affecter nos souvenirs.
Pour cela, l'équipe de chercheurs a formé des souris à craindre un environnement particulier avec de petits chocs électriques. Ainsi, chaque fois que les chercheurs replaçaient la souris dans cet environnement, ils pouvaient évaluer dans quelle mesure la souris s'en souvenait. Ils ont ensuite donné accès à des roues d'exercice à une partie de ces souris, cette activité étant connu pour stimuler la neurogenèse. Quelques semaines plus tard, ces souris entraînées, replacées dans l'environnement de départ ont largement oublié leur peur par rapport aux souris qui ne se sont pas exercées. De plus, lorsque les chercheurs ralentissent la neurogenèse à l'aide d'un médicament, ils constatent, qu'au contraire, les souris conservent mieux leurs vieux souvenirs. Des résultats identiques sont obtenus chez le cobaye.
De tels résultats laissent supposer que la formation de nouveaux neurones, qui favorise généralement la mémorisation, pourrait aussi avoir un effet inverse si cette neurogenèse est trop rapide et pourrait donc nous faire oublier. Autrement dit, l'oubli serait la conséquence de la formation de nouveaux souvenirs.
Néanmoins, cette conclusion ne constitue pas l'explication unique à l'amnésie infantile. En effet, Mark House, chercheur spécialisé dans la mémoire à City University de Londres, rappelle qu'il peut y avoir d'autres explications à ce phénomène comme une connectivité altérée entre différentes zones du cerveau.
Source : Katherine G. Akers et al. Hippocampal neurogenesis regulates forgetting during adulthood and infancy. Science, May 9, 2014. 344:598-602. doi :10.1126/science.1248903