Quoi offrir aux enfants ? La dernière console ou un moment de partage en famille ?

Lan Nguyen Chaplin, professeur agrégé de marketing à l’Université de l’Illinois à Chicago et ses collègues d’HEC Paris, des Universités du Michigan et du Minnesota ont cherché à déterminer si des enfants et adolescents (de 3 à 17 ans) éprouvaient plus de joie en recevant des cadeaux concrets ou en vivant des expériences communes. A travers 4 études, les chercheurs montrent que les sujets de 3 à 12 ans tirent plus de bonheur avec des biens matériels, mais avec le temps, cela évolue. En effet, il semble que pour les adolescents, cela soit les expériences vécues qui leur procurent le plus de bonheur. Selon L.N. Chaplin, ce résultat va à l’encontre d’une idée reçue : « les expériences sont très convoitées par les adolescents, pas seulement des choses matérielles coûteuses, comme certains pourraient le penser ».
Pour autant, il ne faut pas non plus se méprendre sur les préférences des jeunes enfants qui ne sont pas « désespérément » matérialistes. Eux-aussi aiment les expériences. D’ailleurs, les parcs à thème l’ont bien compris. Mais, comme précisé dans l’étude : « les jeunes enfants sont extatiques tout au long de l’expérience. [Or] pour que les expériences procurent un bonheur durable, les enfants doivent être capables de se souvenir des détails de l’événement après sa fin. ». C’est une différence majeure : le bien matériel constitue pour le jeune enfant une « aide mémoire », qui peut leur donner à tout moment, une « secousse de bonheur ». Cependant, comme l’indiquent les auteurs, les photos, les vidéos des moments vécus en famille ou entre amis peuvent aussi prolonger les expériences heureuses. De cette manière, les enfants, au-delà de l’appréciation de leurs cadeaux de Noël, pourront « revivre » également des moments passés avec leur familles et amis.
Cette tendance à privilégier, en grandissant, les expériences aux biens matériels, pourraient en partie s’expliquer par une augmentation de deux compétences cognitives que les auteurs estiment nécessaires pour une compréhension suffisante des expériences et de leurs implications : la mémoire et la théorie de l’esprit. En effet, comme nous venons de le spécifier, la première doit être suffisamment développée pour nous permettre de revivre (sans nécessairement s’appuyer sur des objets) des événements heureux. La seconde est la capacité d’une personne à attribuer des états mentaux (émotions, intention, désir, …) à d’autres ou à soi-même. Cette compétence rend ainsi nos relations sociales plus harmonieuses et efficaces. En conclusion, les auteurs indiquent « qu’avec l’âge, créer de nouveaux souvenirs et explorer de nouveaux intérêts peut être bien plus précieux que d’acquérir de nouveaux objets. » A méditer
Source : Lan Nguyen Chaplin, Tina M. Lowrey, Ayalla A. Ruvio, LJ Shrum, Kathleen D. Vohs. « Age differences in children